Albert SYLVESTRE
Je suis né le 31 janvier 1924, à Beaune-les-Mines (à quelques kilomètres au nord de Limoges). Mes parents travaillaient la terre. Encore gamin, la famille a déménagé et s'est installée à Royères sur la commune de Bonnac-la-Côte, puis à la retraite de mon père j’ai pris sa succession à ce dur labeur.
En 1943, je fais partie des « légaux » de Saint-Sylvestre où je suis entré par l'intermédiaire de René Dessagne, « capitaine Abel ». La journée je travaille à la ferme familiale et un ancien militaire nous enseigne le maniement des armes, démontage et remontage les yeux bandés, lancer de grenade, etc... Notre instructeur était très sévère, il s'agissait du lieutenant Dubreuil.
Je suis chargé de surveiller un dépôt d'armes et de munitions, camouflé sur le haut d'une colline, ces armes et munitions étaient là en cas de besoin, c'est la 2404e compagnie du commandant Pinien qui s'était procuré cette « denrée » rare et indispensable.
Mon rôle est également de surveiller, de m'informer et d’analyser tout ce qui se passait autour de moi et d'en informer le maquis déjà organisé.
Les jeunes nés en 1924 passaient devant une commission allemande, rue des Coopérateurs à Limoges, afin d'être incorporés dans l'armée allemande, mon choix n'est pas celui-là et j'entre alors dans la clandestinité.
Me voici aux ordres du commandant Georges Labrat qui me nomme agent de liaison, la tâche est dangereuse, transport de plis et de messages entre divers groupes F.T.P. Je dois également préparer armes et munitions afin de les répartir entre ces groupes.
A la Libération de Limoges je suis dans la colonne « Jolie », 3 bataillons F.T.P. (dont je fais partie) A.S. et ORA, direction l'Est de la France pour chasser l'occupant. Arrivés à Auxonnes en attente d'ordres de départ sur le front les officiers F.T.P. qui nous encadrent (le commandant Pinien et le capitaine Abel) nous ordonnent de faire demi-tour car notre manque de formation de militaire et notre armement sommaire présentent un réel danger pour nous.
De retour à Limoges je suis démobilisé à la caserne Marceau, mais certains reprennent la route pour libérer la poche de St-Nazaire.
Voici brièvement raconté mon modeste parcours de Résistant et aujourd'hui encore il faut résister afin que le sacrifice de nos 20 ans ne soit pas vain!
Propos recueillis par Michel Rouzier