Raymond FREDONNET
Je suis né le 1er août 1924 à Droux. Comme j'ai perdu mes parents très jeune il a fallu que je quitte l'école, je n'avais pas 13 ans, pour aller travailler afin de subvenir à mes besoins.
Je me suis engagé dans la marine très peu de temps, du 12 mars 1942 au 20 avril 1942. J’ai rompu mon engagement pour ne pas partir en Afrique du Nord.Je suis revenu travailler chez mon ancien patron, mais celui-ci avait reçu de l'occupant un ordre pour que les anciens de l'armée d'armistice s'engagent pour partir en Allemagne, il n'y avait donc plus d'emploi pour moi.
J’ai trouvé du travail dans une ferme à La Croix-sur-Gartempe puis dans une filature. Le patron était pour la Résistance et m'avait indiqué la combine pour m'échapper au cas où … J’entre donc dans la Résistance en mars 43. Me voici parti dans la forêt de Rochechouart, avec ma valise et un révolver à l'intérieur. C'est un paysan avec son tombereau de fagots qui nous indique la route, j'arrive au camp où 20 à 30 gars étaient déjà installés.
Il nous fallait des armes et des véhicules. Nous avons récupéré trois camions sur la route Limoges-Angoulême et des armes à la gendarmerie de Chabanais où l'adjudant de gendarmerie avait fait arrêter des Résistants et les avait remis à l'occupant. C'est sans doute pour cette raison qu'il nous a reçu à coup de 7,65. Il n'était pas de notre côté!
Par la suite je retourne au Bois du Roi. Bellac est truffé de gendarmes : 400 gendarmes de l'école de Brive, commandés par un colonel deux fois cité par Radio-Londres comme étant un collaborateur. Je me souviendrai toujours lorsque sur les ordres du lieutenant Rolland nous sommes entrés à la sous-préfecture pour rencontrer le sous Préfet Fabre afin de négocier la récupération de tout le matériel entreposé par la division Das Reich.
Je représentais le lieutenant Rolland alors que je n'étais que 2e classe à 19 ans, en effet j'avais toujours refusé les galons. Je me souviendrai également toujours de ce jeune de 16 ans qui était venu me voir me disant « Je veux rentrer dans la Résistance ». En raison de son âge j'avais essayé de le convaincre de rentrer plutôt chez lui. Il était allé chercher ses parents, sa mère vu son insistance m’avait dit : « Ecoute, il veut aller avec toi, garde-le et prends bien soin de lui ».
Deux jours après il se faisait tuer à Bel-Air, je me rappellerai toujours le : « Prends bien soin de lui!... » Pour ma part, j'ai participé à de nombreuses actions : des embuscades, des sabotages, des combats dramatiques où de nombreux camarades ont laissé leurs noms gravés dans la pierre.
Voici brièvement la vie du Résistant F.T.P. « Olive » n'ayant eu par chance aucune blessure physique mais d'innombrables blessures morales.
Propos recueillis par Michel Rouzier